Personnalité de la semaine : Keiko Nishi
Méconnue en France, Keiko Nishi est pourtant l’une des plus importantes autrices de shôjo actuelles. Son prochain titre séduira-t-il enfin le lectorat francophone ?
Avec plus d’une cinqquantaine de titres à son actif, Keiko Nishi s’est imposée comme l’une des autrices les plus prolifiques du Japon. Pourtant, il s’en est fallu de peu qu’elle abandonne la voie du manga ! Cette fille d’instituteur, née à Kagoshima, sur l’île de Kyûshû, se passionne très tôt pour le dessin et le manga. Ses deux auteurs favoris ? Fusako Kuramochi (Tennen Kokkekô) n’admire pas le trait, et Yoshikazu Yasuhiko (Gundam, Arion…) qui sait différencier les personnages masculins et féminins. Après les avoir recopiés pendant des années, la jeune fille commence à créer ses propres histoires… et à participer au concours supervisé par Keiko Takemiya dans le magazine Juin. Alors qu’elle est encore à l’université, en 1986, elle le remporte à 20 ans, et voit sa première nouvelle publiée dans le magazine.
Le début d’une belle carrière ? Pas du tout. À peine diplômée, Keiko Nishi suit les traces de son père, et devient institutrice. Mais cette profession ne lui correspond pas. La jeune femme réfléchit quelques mois, et après des calculs, réalise que, parmi les options qui s’offrent à elle, le métier de mangaka est le plus louable. Elle reprend donc sa plume G-Pen pour ce qu’elle considère comme « un métier alimentaire » même si, rétrospectivement, elle avouera y avoir toujours pris un certain plaisir. Elle travaille alors d’arrache-pied, cumulant les séries en parallèle, oscillant entre shôjo et josei. Nishi fait une distinction bien nette entre les deux registres : selon elle, le shôjo suit un personnage qui se sent vide et trouve enfin l’accomplissement en entrant dans une relation amoureuse, alors que le josei préfère s’intéresser à ce qui se développe une fois la relation installée.
Tout bascule pour elle en 2008, avec Otoko no Isshô, qui raconte l’histoire d’amour entre une femme de 35 ans et un professeur d’université de 51 ans. Pourtant, cette différence d’âge rebute son responsable éditorial, qui lui suggère de rajeunir le héros à 42 ans. Ce qu’elle refuse obstinément, et à raison : les quatre volumes du manga s’écoulent à 1,5 millions d’exemplaires. Désormais célèbre auprès d’un lectorat féminin exigeant, Keiko Nishi impose son style graphique unique en explorant tous les genres, y compris l’amour des garçons. Malgré sa productivité, seuls trois titres sont parvenus en France jusqu’ici. Voyage au bout de l’étéchez Akata, ou l’épopée d’un dessinateur de shôjo traîné par une lycéenne chez les maisons d’édition tokyoïtes ; Avec toi, chez Akata à nouveau, qui voit un gamin de cinq ans adoptant un chaton abandonné qui fera fondre toute sa famille ; et enfin Ane pas de kekkon, abandonné par Panini à son troisième tome (sur huit) suite aux ventes calamiteuses des turpitudes amoureuses d’une bibliothécaire quadra. Attendu de pied ferme au Japon, Sayonara Gohanou les souvenirs d’un septuagénaire gourmetdébute en août dans le Grande bande dessinée originale : cette étiquette seinen sera-t-elle enfin le ticket gagnant pour Keiko Nishi en France ?